L'euthanasie, c'est-à-dire la mise à mort d'un animal dans des conditions d'absence de douleur et de stress, est une procédure qui engage la responsabilité du vétérinaire et du propriétaire ou du vétérinaire et des autorités vis à vis d'un animal.
Cette décision peut engendrer de fortes émotions négatives lorsqu'une relation d'affection s'est installée entre l'humain et l'animal. Décider de la mort de son propre chat est une étape douloureuse de cette relation.
Les interrogations légitimes qui assaillent les propriétaires quant à la nécessité, à la procédure, au bon moment peuvent engendrer une forte culpabilité, aggravée par les croyances personnelles liées à la mort. Cet article vous donne des pistes de réflexions et des informations pour prendre la bonne décision.
Bon à savoir : la responsabilité du sort des chats errants est entre les mains des responsables communaux, des directeurs de fourrières et des SPA. Des milliers de chats en bonne santé sont euthanasiés sans susciter une grande émotion.
Que dit la loi sur l'euthanasie des animaux domestiques ?
Il n'y a pas de loi régissant l'euthanasie des animaux de compagnie en France. Elle doit résulter d'un consensus entre le vétérinaire et le propriétaire qui sont tous deux libres de leur choix. La décision ultime revient au propriétaire qui décide si la situation n'est plus vivable pour l'animal ou pour lui-même.
Le code déontologique des vétérinaires encadre la pratique. L'euthanasie est un acte médical qui ne peut être exécuté que par un vétérinaire dans le but :
- de mettre fin aux souffrances d'un animal incurable ;
- de mettre fin à l'agonie d'un chat âgé en fin de vie ;
- de protéger la société et les autres animaux de maladies contagieuses (rage, autres virus) ;
- de protéger l'intégrité des êtres vivants menacés par des comportements pathologiques comme les agressions.
La signature de la demande d'euthanasie par le propriétaire est une obligation légale (cela évite les problèmes lorsque la garde de l'animal est confiée à un tiers, à une pension, lors de conflit dans un divorce).
Légalement, l'euthanasie du chat en bonne santé pour des raisons de convenance est possible en France. Elle représente 1,3 % des euthanasies pratiquées. Les raisons de ce choix peuvent être :
- Médicales : l'incontinence du chat, un handicap requérant la présence d'une aide permanente, une allergie d'un nouveau-né aux poils de chat, une portée de chatons non désirés, l'impossibilité économique de faire face aux dépenses de soins pour traiter l'animal.
- Personnelles : le manque d'argent, un changement familial, un proche hérite de l'animal d'un parent décédé, un déménagement, un comportement indésirable du chat (marquage urinaire, destruction), un départ à l'étranger.
Euthanasie du chat : questions éthiques
Euthanasie de convenance
Face au changement stressant qui a engendré le choix ou le questionnement de l'euthanasie, les propriétaires ne voient pas d'issues :
- Si l'euthanasie de convenance n'était pas une option, ils auraient recours à l'abandon. Avec l'abandon, on ne connaît pas le devenir de l'animal, situation pénible si on y est attaché. Le choix de l'euthanasie est moins pesant pour le maître mais pas moral pour la victime.
- L'abandon est une seconde chance pour un animal même problématique. Le mutiler, le droguer, le supprimer ne devraient pas être les premières options à envisager.
Un chat en bonne santé peut-être adopté ou recueilli par un nouveau propriétaire même si cela peut prendre du temps. Les SPA sont là pour les accueillir, on peut solliciter les réseaux sociaux ou demander de l'aide, à un proche ou des amis de prendre le relais.
Bon à savoir : en Italie et en Espagne, l'euthanasie de convenance est interdite.
Plutôt que de permettre cette solution extrême et contestable en place depuis des décennies et qui n'a pas résolu le problème (le nombre de chats de compagnie est en augmentation partout dans le monde, ce qui va aggraver le problème), une politique de prévention avec application des peines serait plus adaptée.
Militer pour une stérilisation obligatoire des chats à un jeune âge est une réponse : éviter une naissance plutôt que de supprimer une vie.
Vieillesse et fin de vie du chat
Face aux raisons de convenance invoquées plus haut, l'euthanasie du vieux chat est un cas particulier, moralement acceptable parce que l'on doit prendre en considération un handicap :
- Un chat âgé n'a pas les mêmes capacités d'adaptation qu'un jeune ou un adulte. Un chat de plus de 13 ans en moyenne est conscient de ses faiblesses nouvelles liées à l'âge, ce qui peut le stresser dans un nouvel environnement.
- Mais surtout, personne ne veut d'un vieux chat avec une espérance de vie courte, des problèmes de santé en attente. Le manque de candidats à l'adoption oblige à considérer l'euthanasie car l'abandon dans des structures non adaptées n'est pas une fin souhaitable (manque de temps et de moyens pour une attention personnalisée dans les SPA).
Euthanasie et maladie du chat
C'est au propriétaire que revient la décision mais le vétérinaire est le référent en matière de médecine : il est là pour l'informer sur la maladie, ses traitements et leurs coûts, la gestion de la douleur, et l'issue.
L'étape la plus difficile c'est de déterminer le bon moment, veut-on le voir partir sereinement avant l'apparition de signes cliniques, handicap et douleurs ou préfère-t-on l'accompagner avec des soins palliatifs :
- Les deux choix sont légitimes mais parfois lorsqu'on accompagne au quotidien un vieux chat ou un chat malade, un propriétaire peut ne pas se rendre compte de l'avancement de la dégradation de sa santé.
- Dans le choix d'une euthanasie au stade ultime, il faut mettre des gardes-fou avec des visites régulières du vétérinaire et un suivi des traitements : il faut éviter que l'affect du propriétaire ne prévale pas sur une qualité de vie qui a n'existe plus.
Dans la nature, les animaux ne survivent pas longtemps aux maladies ou blessures : ils dépérissent rapidement ou sont éliminer par des prédateurs. C'est souvent la faim qui les tue. Lorsqu'un chat malade ou âgé ne peut plus se nourrir, se tenir debout, faire ses besoins et cherche à se cacher, le moment est venu.
Différentes procédures d'euthanasie
L'euthanasie doit produire une perte de conscience instantanée et une mort rapide. Le chat meurt suite à une injection de produit létal provoquant l'arrêt cardiaque et respiratoire.
Le choix de la procédure dépend du vétérinaire qui prend en considération l'état de santé de l'animal, l'état d'agitation, l'urgence et l'accès veineux ainsi que la présence des propriétaires.
L'euthanasie consiste en deux injections : un tranquillisant ou anesthésiant pour endormir l'animal par voie sous-cutanée ou intramusculaire et ensuite un produit létal pour provoquer l'arrêt cardiaque et respiratoire par voie intraveineuse.
Le produit létal peut-être :
- Le pentobarbital qui est une molécule qui endort le chat. Il meurt d'une overdose de barbiturique. Elle est administrée par une injection intraveineuse.
- Le T61 est un mélange d'agents anesthésiants, responsable de la perte de conscience qui doivent agir en premier, et d'un agent paralysant (produit curarisant). Ce mélange est administré lentement par voie intraveineuse. La mort est immédiate.
- Si la voie veineuse n'est pas praticable, on doit anesthésier le chat par voie gazeuse ou par injection intramusculaire et ensuite procéder à une injection intracardiaque ou péritonéale du produit létal (cette injection est douloureuse si le chat n'est pas complètement anesthésié, la tranquillisation ne suffit pas).
À noter : la tranquillisation et l’anesthésie en amont de la piqûre létale donnent le temps aux propriétaires de dire au revoir à leur compagnon, de le voir calme et détendu, de le tenir une dernière fois dans les bras.
Assister ou non à l'euthanasie
Faire une injection intraveineuse n'est pas facile sur un chat agité car il faut le contraindre à rester tranquille, ni sur un chat malade et déshydraté, car trouver une veine est parfois impossible.
Le vétérinaire ne contrôle pas tous les paramètres et les réactions de l'animal. Il arrive que tout ne soit pas aussi paisible que prévu et que l'animal ait des réactions effrayantes comme s'agiter, miauler, convulser, ce qui est émotionnellement difficile à gérer et peut faire regretter son choix. Le sentiment de culpabilité peut rendre le deuil long et pénible.
La présence du propriétaire doit tranquilliser l'animal, mais si le propriétaire est stressé, tendu et sanglote, cela ne l'aidera pas. Naturellement le chat, qui est une proie, choisit une cachette sombre pour mourir, calme et silencieuse. Ne vous sentez pas coupable si vous ne pouvez assister à ce passage, le chat n'a pas besoin de compagnie pour passer de vie à trépas.
Bon à savoir : l'article porte sur le chat et non le chien. Le chien domestique n'a pas ce comportement d'isolement et au contraire cherchera une présence apaisante. Votre présence est dans ce cas conseillée.
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Euthanasie du chat à domicile : est-elle moins stressante ?
Dans le cas ou l'animal n'est pas hospitalisé ou que l'on ne fait pas face à une urgence, l'euthanasie planifiée à la maison est moins stressante pour le propriétaire et son animal qui se retrouvent dans un contexte familier.
Le chat n'est pas stressé par la mise en cage, le transport et la visite à la clinique qui est souvent associée à des moments déplaisants. Cela vous permet de respecter son besoin de s'isoler le moment venu.
Que faire de la dépouille de son chat ?
Si vous gardez le corps, sachez qu'il y a une rigidité cadavérique après 2 ou 3 heures. Cela devrait enlever tout doute quand à la réalité de la mort :
- Vous pouvez enterrer votre chat dans votre jardin à condition d'en être le propriétaire, de l'enterrer à plus de 35 mètres d'autres maisons et points d'eau et de couvrir le corps de chaux avant de l'enfouir sous terre (Code rural, article L226-2, L226-3 et L226-4, 2010).
- Si vous n'avez pas de jardin, vous pouvez opter pour l'inhumation dans un cimetière pour animaux.
- Vous pouvez choisir l'incinération individuelle et recevoir les cendres de votre chat dans une urne ou opter pour une incinération collective qui sera moins onéreuse.
Après signature d'une convention, votre vétérinaire se chargera de la procédure. Il vous faudra enfin prévenir le fichier félin de la mort de votre animal.