Insuffisance rénale chronique du chat (IRC)

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Chat chez le vétérinaire 123RF / Tyler Olson

L'insuffisance rénale chronique du chat (IRC), ou comme il est plus correct de l'appeler, la maladie rénale chronique (MRC) est une maladie extrêmement fréquente chez les chats puisqu'elle touche 1 chat âgé sur 3. Elle peut être dépistée lors d'un bilan sanguin de routine, ou plus tardivement, lorsque les symptômes sont déjà présents. Il est impossible de guérir le chat de cette maladie, par contre, il est tout à fait possible de soutenir le fonctionnement de ses reins et d'améliorer la durée et la qualité de vie de l'animal.

Qu'est-ce que l'insuffisance rénale chronique du chat ?

Rôle des reins

Le rein est un organe essentiel pour l'organisme. Lorsqu'il est malade (et quelle que soit la cause primitive de cette maladie), il cesse de fonctionner correctement ; c'est l'insuffisance rénale. Si cette insuffisance rénale persiste dans le temps, on parle d'insuffisance rénale chronique. On résume trop souvent le rôle du rein à celui de la fabrication des urines, mais en réalité, il assure de nombreuses autres fonctions, comme :

  • la filtration du sang ;
  • le maintien de l'homéostasie, c'est-à-dire maintien des grandes constantes de l'organisme dans des valeurs compatibles avec la vie, notamment avec la régulation du pH sanguin et de l'équilibre hydro-éléctrolytiques (eau et électrolytes) ;
  • la fabrication de certaines hormones, comme la rénine ou l'érythropoïétine.

Bon à savoir : les différents symptômes de l'IRC sont plus faciles à comprendre lorsque l'on garde en tête les 3 grandes fonctions des reins.

Causes de l'IRC

Dans certains cas, on arrive à identifier la cause de la maladie rénale chronique du chat, il peut s'agir d'une atteinte tumorale d'un ou des 2 reins (lymphome rénale principalement), d'une maladie génétique (polykystose rénale chez le persan) ou encore d'une lithiase rénale (calcul situé dans le rein ou l'uretère). Malheureusement, le plus souvent, on ne trouve pas de cause primitive et on parle d'insuffisance rénale idiopathique.

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Dépister l'insuffisance rénale chronique du chat

Symptômes de l'IRC

Il est toujours utile de revenir aux grandes fonctions du rein pour comprendre les symptômes de l'IRC.

Maintien de l'équilibre hydro-éléctrolytique

L'eau ne doit pas être perdue, elle est très précieuse et reste dans l'organisme. Un rein sain récupère l'eau et la fait retourner dans le sang. Ainsi, si vous buvez peu, vos urines sont plus concentrées car l'eau est récupérée afin d'éviter la déshydratation. Un rein qui fonctionne correctement est donc capable de concentrer les urines. Lorsque le rein est malade, les urines sont plus diluées. L'animal fait plus pipi, par conséquent, il boit plus. C'est la polyuro-polydypsie (PU/PD). L'eau est récupérée par un échange complexe avec des électrolytes, ainsi un animal insuffisant rénal chronique à un stade avancé pourra souffrir de désordres éléctrolytiques, comme une hypokaliémie (plus assez d'ions potassium dans le sang).

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Filtration du sang

Le rein est chargé de se débarrasser de certains déchets toxiques comme l'urée, un déchet azoté issu du métabolisme des protéines, qui est toxique pour l'organisme à forte dose. Lorsque l'urée s'accumule dans le sang, on parle d'urémie. Cela se manifeste par plusieurs symptômes caractéristiques :

  • nausées et vomissements ;
  • perte d'appétit ;
  • amaigrissement ;
  • poil piqué ;
  • voire démarche chancelante (ataxie) et troubles neurologiques lorsque la concentration en urée dans le sang est très importante.

Bon à savoir :l'urémie doit absolument être traitée par une hospitalisation sous perfusion. Si vous constatez ce type de symptômes chez votre chat, consultez rapidement votre vétérinaire.

Par ailleurs, le rein sain laisse passer les protéines du sang vers l'urine primitive, puis les récupère ensuite par réabsorption. Il n'y a donc pas de protéines dans les urines d'un chat sain et la protéinurie (présence de protéines à la bandelette urinaire) peut indiquer une atteinte rénale.

Fabrication des hormones

Le rein est responsable de la fabrication de l'érytropoïéine (EPO) qui stimule la fabrication des globules rouges. Un chat atteint d'une IRC peut donc également souffrir d'une anémie (manque de globules rouges). Le rein fabrique également la rénine, hormone qui participe à la régulation de la pression artérielle. Les chats atteints d'une IRC sont souvent en hypertension artérielle.

Dépistage

Les symptômes de l’insuffisance rénale chronique ne se manifestent que très tardivement, lorsque 60 à 75 % des reins sont détruits par la maladie. On comprend mieux pourquoi il est essentiel de faire un dépistage précoce chez le chat. Pour cela, on recommande de faire un bilan sanguin avec mesure de l’urée et de la créatinine tous les ans, chez les chats de plus de 10 ans. Chez les chats appartenant à une race à risque de polykystose rénale (PKD), il existe un test de dépistage génétique qui se fait à l’aide d’un prélèvement de cellules (frottis buccal) ou de sang. Les races concernées sont le persan et les races apparentées, Exotic Shorthair, British Shorthair, le Scottish Fold, Ragdoll et Maine Coon notamment.

Bon à savoir : le laboratoire IDEXX a récemment développé un test sanguin de dépistage, à priori plus précoce que la créatinine, appelé SDMA.

Examens complémentaires

La grande variété de symptôme explique les différents examens complémentaires qui pourront être proposés par votre vétérinaire lorsqu’il suspecte une IRC :

  • Analyse d’urines, avec mesure de la densité urinaire et bandelette urinaire pour détecter les protéines.
  • Analyse sanguine avec biochimie (mesure de l’urée, créatinine, phosphore et éléctrolytes) et hématologie (numération formule sanguine).
  • Mesure de la pression artérielle.
  • Échographie rénale à la recherche de la cause de la maladie rénale, si elle est identifiable.

Bon à savoir : les résultats de l’ensemble de ces examens permettent de classer le chat selon l’un des 4 stades de l’IRIS (International Renal Interest Society) et de choisir le traitement recommandé pour le stade de la maladie du chat.

Traitement de l’insuffisance rénale chronique

Le diagnostic d’IRC n’est jamais agréable pour un propriétaire, pourtant il est possible de prendre en charge cette maladie et d’assurer au chat une qualité de vie tout à fait satisfaisante. La première étape est de changer l’alimentation, pour donner au chat un aliment adapté à la maladie rénale chronique. Ces aliments étaient réputés être souvent refusés par les chats (difficiles !) mais les laboratoires ont fait beaucoup d’effort sur l’appétence de leurs produits.

Si le chat présente des complications de l’IRC, comme une protéinurie ou de l’hypertension artérielle, il est recommandé de rajouter au traitement des IECA ou des traitements hypotenseurs. Certaines plantes médicinales, comme l’Orthosyphon (thé de java) ou le Lespedezia capitata peuvent aider à soutenir la fonction rénale.

Enfin, si le chat est en crise d’urémie, il devra être mis sous fluidothérapie pendant au minimum 48 h afin de perfuser le rein et de lui permettre de fonctionner à nouveau. Certains chats à un stade très avancé de la maladie peuvent bénéficier de perfusions sous-cutanées, réalisables par le propriétaire à la maison.

Prévention de l’insuffisance rénale chronique

Comme souvent, la prévention passe par une alimentation de très bonne qualité. Lorsqu’ils prennent de l’âge, les chats doivent recevoir une alimentation avec des protéines de très bonne qualité et peu de phosphore, afin de protéger leurs reins le plus longtemps possible.

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